Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 41.djvu/184

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
183
CHAPITRE III.

rivé à quelques pas de sa cousine, à la vue de son sang et à la voix du sbire, il avait tiré au hasard son coup de feu sur ces assassins ; un d’eux, soutenu par ses compagnons, s’enfuyait avec eux frappé d’une balle à l’épaule.

— Scélérat ! criaient-ils en s’éloignant, dernière portée d’un nid de brigands ! tu as été pour ton malheur plus adroit que tu ne croyais l’être. Va ! tu t’es tué toi-même en frappant notre sergent : vie pour vie, sang pour sang ; ce sera ton premier et dernier crime.

Et nous les entendîmes, cachés par les sapins, casser et couper des jeunes tiges pour en faire un brancard sur lequel ils emportèrent leur camarade mourant à la ville.

CXVI

Nous étions si troublés des blessures aux bras de la jeune fille, de la mort de tout notre pauvre troupeau, notre nourricier, et de la jambe coupée du pauvre chien, mon seul guide dans la montagne, que nous ne pensâmes seulement pas que ces hommes pouvaient remonter en force. après avoir laissé leur sergent blessé ou mort à leur caserne et déposé en justice contre nous. D’ailleurs, qu’avions-nous à nous reprocher que d’avoir rendu feu pour feu, en défendant la vie ou en vengeant le sang de notre innocente contre des assassins qui l’avaient frappée