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CHAPITRE IV.

CXII

Ces pressentiments n’étaient que trop fondés, monsieur ; pourtant nous fûmes bien tranquilles pendant un certain temps après l’événement du châtaignier ; nous guérissions avec beaucoup de soins sa blessure, comme vous voyez ; tous les jours Hyeronimo et Fior d’Aliza apportaient au pied de l’arbre des mottes de terre humide, enlevées au bord de la grotte, pour rafraîchir l’arbre et pour le panser comme on panse un malade. Nous nous flattions qu’on nous avait oubliés là-bas, dans ce coin de rocher, où nous ne faisions point d’autre mal que de respirer, de nous aimer et de vivre.

CXIII

Mais l’amour d’un débauché qui a vu une innocente, et qui pense à l’emmener dans sa maison, est un charbon ardent qui brûle la main et qui ne laisse pas dormir celui qui ne craint pas Dieu plus que le feu dans ses veines. La maudite beauté de l’enfant ne sortait plus de l’œil du sbire. Il avait résolu, par les conseils de Calamayo, sans doute, de nous entraîner dans la misère, d’éteindre notre foyer, de