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CHAPITRE PREMIER.

bonté exquise qui le faisait adorer de ses subordonnés. Il m’accueillit dans son ambassade comme dans une famille ; il eut pour ma femme et pour moi, pendant les quelques mois de notre-séjour, des égards et des bontés qui nous rendront son souvenir éternellement respectable et cher.

Particulièrement attaché au roi Louis XVIII et tenant de lui sa place beaucoup plus que du ministère, il dépendait moins de M. Pasquier que de M. de Blacas. M. de Blacas, favori du roi, déplacé en 1815 et relégué à Rome ou il représentait la France comme ambassadeur, avait sur les légations de France en Italie une direction presque absolue, avouée par le roi et complètement opposée au ministère. Il était l’oracle secret de la monarchie absolue, oracle que nous avions l’ordre d’interroger dans tous les cas soudains et difficiles. Cet oracle contre-révolutionnaire, en passant par l’âme absolue de M. de Blacas, ne pouvait pas être favorable au tempérament que la politique exigeait de nous. Le duc de Narbonne était forcé de le consulter, mais il n’approuvait pas ses réponses. Il remit les affaires à M. de Fontenay, premier secrétaire d’ambassade, comme cela se fait ordinairement dans les circonstances équivoques, afin de pouvoir désavouer des hommes secondaires, et il resta de sa personne à Naples encore quelque temps, pour recevoir des instructions de Paris.