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FIOR D’ALIZA.

ches, comme si l’on avait voulu tuer notre père et notre mère.

Les bûcherons s’arrêtèrent, leurs haches levées, de peur de nous blesser en les laissant retomber contre le pied de l’arbre.

— Écartez ces misérables insensés, s’écria l’homme de loi, qui font violence à la justice !

CVIII

À ces mots, il prit Fior d’Aliza par l’épaule et la jeta rudement en arrière sur une racine, où son front évanoui toucha rudement, et où la veine de sa tempe jeta quelques gouttes de sang qui rougit sa joue et ses beaux cheveux blonds ; puis, aidé par deux des plus robustes bûcherons, il poussa violemment Magdalena et moi du tronc de l’arbre.

Pendant ce temps, il faisait signe aux autres de frapper plus fort sur l’entaille déjà ouverte dans le tronc du châtaignier, et les éclats de l’écorce et du bois saignant jonchaient l’herbe aux pieds des ouvriers.

Presque évanouis tous les trois de douleur et de la secousse qui nous avait précipités à terre, nous entendîmes les coups redoublés comme d’un autre monde, et le petit chien Zampogna, qui avait cessé d’aboyer, léchait, tout