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FIOR D’ALIZA.

nous deux, vous le chien quêteur, moi le tireur, ne rapporterons-nous pas au logis cette colombe aux pieds roses ?

Bartholomeo riait bêtement des joyeusetés dites a demi-voix par son ami le sbire ; les autres remplissaient et vidaient leurs verres avec moi. À la porte de Lucques, je leur ai souhaité felicissima notte, et je les ai laissés regagner, tout trébuchant de fatigue et de vin, chacun leur porte.

LXXXI

Nous ne fîmes pas beaucoup d’attention, les uns et les autres, à ces propos de buveurs ni à ces projets du dimanche que le lundi dissipe, et nous continuâmes à vivre en paix et en gaieté jusque après l’hiver.

Au printemps, la petite, qui touchait à ses treize ans, et qui avait grandi jusqu’à la taille de sa tante, commença a craindre de s’éloigner seule de la maison pour aller sarcler le maïs ou cueillir les feuilles de mûrier. Elle rencontrait souvent des inconnus dans le sentier du couvent, ou auprès de la grotte, ou sur le bord du bois de lauriers ou même jusque sous le châtaignier, qui faisaient semblant de se reposer à l’ombre, en montant aux Camaldules ou en chassant dans la montagne.

Le capitaine des sbires cherchait, de temps en temps, à