Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 4.djvu/450

Cette page a été validée par deux contributeurs.
449
nouvel épilogue.

Et là, près de la grève où son écume flotte,
Vous verrez trois tombeaux à deux pas d’une grotte.

moi.
Trois tombeaux ? Le récit ne parle que de deux :

Le proscrit et Laurence.

le pâtre.
Le proscrit et Laurence.Et leur ami près d’eux.
moi.
Quoi ! Jocelyn ici ? Vous vous trompez.
le pâtre.
Quoi ! Jocelyn ici ? Vous vousLui-même.

Il repose en ces lieux auprès de ce qu’il aime.
Instruite, on ne sait trop comment, des grands secrets,
Quand Marthe eut tout trahi par des mots indiscrets,
Ses pauvres paroissiens, par pitié pour son âme,
Rapportèrent son corps au tombeau de la dame ;
Et depuis deux saisons ils sont couchés tous trois
Aux lieux qu’ils ont aimés, et sous la même croix.

moi.
Ah ! vers ces trois tombeaux, berger, menez-moi vite !

J’aime à fouler le sol que sa dépouille habite,
Comme on aime à s’asseoir sur le bloc attiédi
Où le rayon du jour à peine est refroidi.
Allons ! le jour encore éclaire la montagne.

le pâtre.
N’attendez pas, monsieur, que je vous accompagne ;

Pour la dernière fois j’ai foulé ces sommets.
Allez-y seul ; mes pieds n’y monteront jamais !

moi.
Avez-vous donc, berger, peur de ce coin de terre ?
le pâtre.
Il se passe, monsieur, là-haut quelque mystère

Que l’homme encor pécheur profane en regardant :
C’est comme un Dieu caché dans un buisson ardent.