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jocelyn.

Nos pleurs, cette eau du ciel que versent nos paupières,
En lavant les tombeaux se trompent de poussières ;
Le sol boit au hasard la moelle de nos yeux.
Va, terre, tu n’es rien ! ne pensons plus qu’aux cieux !


Je me relevai fort de ce cri de colère :
Quand je sortis de l’antre et retrouvai la terre,
L’avalanche, d’en haut, au lac avait roulé ;
Un blanc tapis de neige avait tout nivelé ;
La tombe n’était plus qu’un léger monticule
Pareil au blanc monceau qu’un enfant accumule ;
L’ouragan balayait ces ondoyants sillons.
Et, luttant au-dessus contre ces tourbillons
(Ah ! je les reconnus), deux pauvres tourterelles
Dont la poudre glacée embarrassait les ailes,
Cherchant à s’échapper de ce tombeau mouvant,
Tournoyaient, s’abattaient ensemble sous le vent.
J’appelai par leurs noms ces oiseaux, nos symboles ;
Mais l’ouragan de glace emportait mes paroles.
Puis, sans penser ni voir, je descendis en bas,
Et comme si du plomb eût entraîné mes pas.

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