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jocelyn.

Après avoir vécu deux ans dans ces délices,
De le puiser encore aux profanes calices !
Ah ! moi seul, ô mon Dieu, j’ai creusé dans son cœur
Ce vide que ne peut combler un froid bonheur.
Que la peine sur moi retombe avec le crime !
Frappez le tentateur, et non pas la victime !
Ô tendre, ô bon pasteur, rapporte dans tes bras
Cette brebis tombée aux piéges d’ici-bas,
Cette âme qui puisa l’amour avec la vie,
Et qui l’aspire encore à sa source tarie !
Si tu n’avais brisé sa coupe entre ses dents,
Qui sait ce que le ciel aurait versé dedans ?
Qui sait de quels trésors cette âme est encore pleine !
Et comme des cheveux d’une autre Madeleine
Pour laver dans ses pleurs ses péchés oubliés,
Ce qu’il en coulerait de parfums sur tes piés ?
Oh ! que les miens, Seigneur, comptent à ses paupières !
Que par mes nuits sans fin, mes jeûnes, mes prières,
Que par l’eau de mes yeux son péché soit lavé !
Et j’allais à genoux tomber sur le pavé,
Quand les groupes joyeux du bal qui se retire
M’éveillèrent du ciel par des éclats de rire.

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Le bruit avait cessé, le monde était sorti ;
Des gonds et des verrous l’air avait retenti.
J’entendis sur ma tête ouvrir une fenêtre ;
La lune dans le ciel venait de reparaître ;