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introduction.

gentes de l’Europe s’entre-regardent épouvantées, et se demandant : « Qu’y a-t-il donc ? » Vous sentez bien que M. de Lamartine n’est pas le dernier à se découvrir devant cette royauté qui s’en va, lui le poëte chrétien, lui qui arrive tout droit de saint Louis aussi bien que Charles x, lui le chantre du Sacre, lui qui a porté d’une main si haute et si ferme l’oriflamme poétique, lui qui croit à tout le vieux passé de la France, et qui l’a entouré jusqu’à ce jour de son admiration et de ses respects ! Quand donc le roi de France et de Navarre fut parti, quand cette majesté naguère toute-puissante et victorieuse eut traversé d’un front si calme cette mer à l’usage de tous les rois qui s’en vont, M. de Lamartine, lui aussi, voulut s’éloigner pour s’interroger lui-même avant que d’entrer dans la lutte des partis ; il voulut reprendre haleine de tant de secousses ; il voulut méditer, à part lui, ce qu’il devait croire réellement de ces révolutions inattendues. Maintenant qu’il n’appartenait plus à personne, il voulait savoir qui donc était son maître légitime ; et il partit pour l’Orient.

L’Europe entière l’a suivi dans son voyage ; l’Europe entière a partagé ses travaux et surtout ses malheurs. Tous tant que nous sommes, nous avons porté le deuil de cette belle et adorable Julia, pauvre enfant ! dont la mort devait frapper si profondément le cœur de son père. À ce triste moment de sa vie, quand cette dernière espérance de sa poésie à venir fut brisée, on pensa que M. de Lamartine renonçait à la poésie, comme si la chose était possible ! De si loin où il était à pleurer, on lui vint apprendre que la France, inquiète de son poëte, et le voulant rappeler par une de ces faveurs signalées dont elle dispose, l’avait mis au nombre de ses représentants à la Chambre des députés. Il fallait donc revenir, et dire adieu au désert, à Jérusalem, aux villes mortes de l’Orient. Et d’ailleurs que faire encore