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avertissement.

chose que sa partie poétique. Il n’y a là ni intention cachée, ni système, ni controverse pour ou contre telle ou telle foi religieuse ; il n’y a que le sentiment moral et religieux pris à cette région où tout ce qui s’élève à Dieu se rencontre et se réunit, et non à celle où les spécialités, les systèmes et les controverses divisent les cœurs et les intelligences.

Or, cet épisode ne m’est point venu par hasard en pensée ; ce n’est point une invention, c’est presque un récit. Il y a, dit le poëte, toujours quelque chose de vrai dans ce qu’on invente ; ici, presque tout fut vrai ; la langue seule est feinte. Que le lecteur substitue mon nom à celui du botaniste, et il sera bien près d’une aventure toute réelle, dont le poëte, ami de Jocelyn, n’a été que l’historien. Cette aventure est bien simple, et le style bien distinct de l’atmosphère d’idées qui nous enveloppe aujourd’hui. Cela ne s’adresse qu’à des imaginations très-jeunes ; cela doit être lu comme cela fut écrit. C’est un rêve d’un cœur de seize ans.

Si le public accueille avec intérêt et bienveillance ce fragment, j’en publierai d’autres successivement. S’il le laisse tomber et mourir, je n’en continuerai pas moins à travailler en silence à ce monument que je voudrais laisser, même inachevé, après moi. Mais je n’en produirai plus rien ; et je me bornerai à demander de temps en temps au lecteur son indulgence pour quelques-unes de ces inspirations lyriques que l’heure et la pensée font jaillir du cœur ou de l’intelligence du poëte, et qui n’ont pas la prétention de survivre à l’impression qui les a produites.

15 janvier 1836.