Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 37.djvu/214

Cette page n’a pas encore été corrigée

LIVRE QUATRIÈME. 213

ment que par quelques mots bienveillants sur la conversation qu’elles troublaient et par des sourires gracieux échangés comme dans une rencontre fortuite. XXVI

Pendant l’été, j’habitais, dans le faubourg de l’Ardenza, à Livourne, une belle villa entourée d’un magnifique parc italien. La cour résidait alors à Pise, et venait habiter son palais ducal, sur la place de Livourne, pour profiter de la saison des bains de mer. Souvent les princesses allaient a l’Ardenza, dans leur équipage de cour, se confondre avec les promeneurs pour respirer l’haleine de la mer jusqu’à. la tombée de la nuit. Elles s’arrêtaient quelquefois au retour, avec une familiarité touchante, devant notre demeure, faisaient entrer la voiture dans notre jardin, et s’asseyaient tantôt dans le salon, tantôt dans le jardin sous les orangers, à. la fraîcheur du jet d’eau, pendant que les enfants jouaient a nos pieds sur le sable. Elles daignaient s’entretenir avec nous, comme si les augustes filles et mères de rois et les humbles habitants de la masure de Saint-Point n’eussent été qu’une famille. Il faudrait être bien ingrat pour avoir oublié, après le détrône ment et après la mort, des bontés tout exceptionnelles que la mort et les détrônements ne font que rendre plus sacrées dans des cœurs reconnaissants.