Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 35.djvu/302

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
CROMWELL

ANNÉE 1599 DE J.-C.



Le nom de Cromwell a signifié jusqu’ici ambition, astuce, usurpation, férocité, tyrannie ; nous croyons que sa véritable signification est fanatisme.

L’histoire est comme la Sibylle : elle ne livre ses secrets au temps que feuille à feuille. Elle n’avait pas livré jusqu’ici le secret du caractère et des actes de cet homme énigmatique. On l’avait pris pour un grand politique, ce n’était qu’un grand sectaire. Des historiens à vue pénétrante et a profonde investigation, Hume, Lingard, Bossuet, Voltaire, s’y étaient trompés. Ce n’était pas leur faute, c’était celle du temps. Les vrais documents n’avaient pas été exhumés encore ; le portrait de Cromwell n’avait été peint que par ses ennemis. Sa mémoire avait été traînée sur la claie, comme son cadavre, par la restauration de Charles II, par les royalistes des deux branches, par les catholiques et par les protestants, par les whigs et par les tories, également intéressés à défigurer l’image de ce protecteur républicain.

Mais l’erreur n’a qu’un temps, et la vérité a des siècles. Son tour devait venir : un hasard l’avança.

Un de ces hommes de recherche, qui sont à l’histoire ce que les faiseurs de fouilles sont aux monuments, Thomas