Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 34.djvu/287

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
286
CÉSAR.

Plutarque résume ainsi les exploits de César dans les Gaules :

« Durant neuf années de guerre, il prit de force plus de huit cents villes, subjugua plus de trois cents nations, et combattit, à diverses fois, contre trois millions d’hommes, dont un million périt sur le champ de bataille et un million fut fait prisonnier. »

Depuis neuf années que César faisait la guerre dans les Gaules, il n’avait que trop justifié le cri de son ambition personnelle en passant les Alpes. Il avait marché à son but lentement, mais sûrement, et il était maintenant irrésistible. Son armée était plus à lui qu’à la république. Mais il avait en main un ressort plus puissant encore que l’enthousiasme et la fidélité de ses légions : l’argent.

« Son séjour en Gaule n’avait été qu’un long brigandage, dit M. Amédée Thierry dans son Histoire des Gaulois. Terres alliées ou ennemies, lieux sacrés ou profanes, trésors privés ou publics, il dépouillait tout. Les richesses qu’il amassa furent immenses. Avec le produit de ses rapines, non-seulement il entretenait son armée et levait de nouvelles troupes, payait les dettes énormes qu’il avait contractées autrefois en Italie, enrichissait ses officiers, fournissait par ses gratifications à leurs débauches et à celles de ses soldats, mais l’or de la Gaule coulait avec non moins de prodigalité à Rome dans le sénat et dans les comices. C’était surtout auprès de César, quand il allait tenir sa cour à Lucques et à Pise, pendant les repos de la guerre, que se déployait avec tous ses scandales la vénalité des consciences romaines. Des consuls, des tribuns du peuple, des sénateurs accouraient se marchander et se vendre. La neutralité du consul Paulus coûta à l’ambitieux proconsul plus de huit millions de notre monnaie, et la connivence du tribun Curion lui en coûta plus de douze. »

On peut dire que César avait conquis la Gaule avec