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CÉSAR.

postes sur les remparts pour les éloigner à coups de traits. Ainsi rejetée entre la ville et le camp romain, courant tour à tour des portes d’Alésia aux retranchements de César, cette multitude périt en peu de jours de faim et de désespoir.

Cependant l’armée nationale arrive près d’Alésia et campe sur une colline, à moins d’un mille des Romains. Le lendemain la cavalerie se répand dans la plaine, l’infanterie se tenant à quelque distance cachée derrière les hauteurs. D’Alésia l’on dominait la campagne : à la vue du secours, on s’empresse, on se félicite, on s’exalte. Les troupes sortent et se forment devant la ville ; on remplit le premier fossé de fascines, et l’on se prépare à tout événement pour une attaque décisive.

César disposa ses légions sur les deux lignes de ses retranchements, fit sortir sa cavalerie et engagea le combat. On pouvait le voir des divers camps qui occupaient toutes les hauteurs, et les soldats gaulois et romains, l’âme en suspens, en attendaient l’issue. L’affaire se passant sous les yeux de tous, et nul trait de valeur ou de lâcheté ne pouvant rester caché, l’amour de la gloire et la crainte de l’infamie animaient des deux côtés les combattants. La mêlée fut acharnée depuis midi jusqu’au coucher du soleil, et la victoire restait indécise, lorsque la cavalerie germaine, se serrant sur un point, chargea l’ennemi, l’enfonça et le mit en fuite. Les légions sortirent alors à la poursuite des fuyards et les poussèrent en déroute jusqu’à leur camp sans leur donner le temps de se reconnaître. La garnison d’Alésia, consternée, regagna ses murailles.

Le sur lendemain, vers le milieu de la nuit, l’armée extérieure tenta l’assaut du camp de César. Elle s’approcha des ouvrages romains dans le plus grand silence. Là, poussant un cri général pour avertir les soldats de Vercingétorix, elle se mit à jeter des fascines et de la terre dans