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CÉSAR.

donc à cette foule de courtisans qui, dans l’intervalle de ses campagnes, accouraient à Lucques ou à Pise l’aduler et conspirer avec lui l’asservissement de Rome, il repassa les Alpes, et du fond de l’Armorique accourut sur le Rhin avec ses légions.

Il n’en était qu’à quelques journées, lorsqu’il reçut des envoyés germains qui lui dirent « qu’ils ne s’armeraient pas les premiers contre les Romains, mais qu’attaqués ils ne refuseraient pas la guerre ; que c’était une vieille coutume qu’ils tenaient de leurs ancêtres de faire face a l’ennemi quel qu’il fût, et de ne jamais recourir à la prière. Ils ajoutaient que, chassés de leur pays, ils étaient venus malgré eux dans la Gaule ; qu’ils pouvaient être des amis utiles aux Romains ; que César leur assignat des terres ou les laissât en possession de celles qu’ils avaient conquises. Ils ne le cédaient qu’aux Suèves, à qui les dieux, mêmes ne résisteraient pas ; mais, dans tout l’univers, il n’était aucun autre peuple qu’ils ne pussent vaincre. »

La réponse de César fut celle d’un maître qui ouvre ou ferme à sa volonté l’entrée de son empire : « Je ne puis, dit-il aux Germains, faire avec vos nations aucun traité, tant qu’elles seront sur le sol gaulois. Quand on n’a pu défendre ses propres terres, il n’est pas juste de s’emparer de celles d’autrui ; d’ailleurs, il n’y a point dans la Gaule de terre vague pour recevoir une telle multitude. » Il ajouta qu’ils pouvaient se retirer vers le territoire des Ubes (pays de Cologne), dont les envoyés lui demandaient en ce moment son assistance contre les Suèves, et qu’il se chargeait d’obtenir le consentement de la nation ubienne.

Le proconsul eut sans doute un moment la pensée de fondre ensemble ces tribus pour en faire une barrière contre les Suèves ; mais il ne s’y arrêta guère. Sous prétexte que, pendant les pourparlers, il avait été attaqué