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CÉSAR.

prétendus forfaits : Comment, leur dit-il, un homme de sa naissance, de son éducation, de son rang, et favorisé à ce point par sa situation dans la société qu’il n’y avait aucune fortune à laquelle il ne pût s’élever par des voies honorables, comment un patricien des premières familles consulaires, qui, à l’exemple de ses ancêtres, avait rendu déjà d’illustres services à sa patrie, pouvait-il être soupçonné de tramer la subversion de la république, tandis qu’elle aurait besoin pour se sauver d’un homme tout nouveau, à peine parvenu au rang de citoyen, tel que son accusateur Cicéron ? »

À cette ironique représailles contre le consul plébéien que les patriciens avaient précisément choisi pour flatter et embaucher le peuple à leur cause, le sénat tout entier se leva comme saisi d’une sainte indignation contre la victime qui osait railler, sous le couteau, le sacrificateur. Le bruit, les insultes, les gestes, les imprécations des sénateurs étouffèrent toute justification, toute voix sur les lèvres de l’accusé. Quelle tribune et quelle assemblée n’ont pas vu ces fureurs feintes ou concertées contre un accusé qui se justifie ? Le sang-froid et non le courage manqua à Catilina devant cette insurrection générale de ses juges contre lui. Il parut se repentir de son innocence. « Eh bien, dit-il dans sa fureur, puisque, environné d’ennemis, au lieu de juges, je suis précipité dans le crime malgré moi, j’éteindrai sous des ruines en effet le bûcher sur lequel on veut me consumer ! »

Cicéron et le sénat, après avoir couvert d’imprécations le plus impardonnable des scélérats selon leur discours, s’étaient timidement bornés à lui conseiller de s’éloigner de Rome : contradiction absurde et lâche entre le crime et la peine !

Par suite de cette même inconséquence et de cette même lâcheté, ils laissèrent Catilina, ce fléau public, ce meur-