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l’état ? Et qui est-ce qui aimerait autant sa pauvre Luce ?… »

Enfin elle se mit à lui dire toutes les raisons pour lesquelles il lui était interdit de mourir, comme si elle avait cru que mourir était un acte de volonté ou de découragement de sa part, et que la maladie était un caprice qu’on écartait à force de bonnes raisons.

Mais le pauvre malade, un moment réveillé de son assoupissement par le son de voix et l’embrassement de sa femme, ne l’entendait déjà plus. Ses yeux s’étaient refermés, sa poitrine respirait péniblement, ses balbutiements inarticulés annonçaient ses derniers rêves. Sa femme, le visage caché dans ses couvertures, relevait de temps en temps son visage pour le regarder. L’enfant cherchait à la consoler en lui parlant de Geneviève, dont les soins l’avaient sauvé jusque-là, du médecin qui venait le visiter deux ou trois fois par jour comme si c’était un monsieur, et de moi qui les avais menés, lui et Geneviève, en tenant leur monture par la bride, et qui ne les laissais manquer de rien dans la maison.


CXLVII


Ces mots paraissaient ramener l’espérance et le courage dans le cœur de la pauvre femme. Elle parut s’apercevoir seulement alors qu’elle n’était pas seule dans la chambre avec son enfant et le malade. Elle s’approcha timidement de Geneviève, qu’elle connaissait parfaitement de nom et de caractère par les récits que le père la Cloche lui avait faits en chemin des services et de la bonté de la servante de leur hospice.

« Je vous remercie bien, lui dit-elle en lui prenant la