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CXXXIII


En ce moment, trois petits coups de marteau, frappés d’une main évidemment timide à la porte de la cour, interrompirent les réflexions que je voulais lui faire sur son récit si simple, et les questions que je voulais encore lui adresser. Mais, bien qu’il fût trop tard et que la nuit fût sombre, Geneviève courut ouvrir sans manifester la moindre hésitation ni la moindre terreur. Je mis la tête machinalement à la fenêtre qui donnait sur le chemin, pour savoir qui pouvait frapper à une porte isolée à une pareille heure, et j’entendis le dialogue suivant :

« Ouvrez, pour la grâce de Dieu, et donnez-moi une place au grenier à foin ou dans une grange pour passer la nuit !

« — Qui êtes-vous ?

« — Je suis le petit garçon du magnien qui a perdu sa route, et qui va chercher au pays la femme de mon maître. »

La voix disait assez d’elle-même que c’était un enfant en bas âge ; car cette voix était claire, douce et timbrée comme celle d’une jeune fille.

« Et où est-il, votre maître ?

« — Il est à Voiron, resté malade à l’hôpital.

« — Entrez, mon pauvre petit, » dit Geneviève.

Et je l’entendis tirer le verrou et faire tourner le battant de la porte de chêne à gros clous sur le gond criard de la porte.

Elle remonta bientôt l’escalier de la galerie et rentra dans la cuisine : accompagnée d’un enfant de dix à douze