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il n’y a pas d’affront. Je me dis donc : « Ne va que par les champs et ne t’arrête qu’aux portes des chaumières ; » et je m’en trouvai mieux.


XCVII


« Vous me direz : « Mais où alliez-vous, Geneviève ? » Ah ! monsieur, je m’attends bien à la question. Eh bien, sur ma part du paradis ! cette question, je me la faisais à moi-même et je ne m’y répondais pas clairement. Quoi qu’il en soit, je me rapprochais toujours davantage de ce pâté de montagnes de la Chartreuse, entre Voiron et Saint-Laurent ; soit que l’instinct qui ramène le lièvre au gîte d’où il est parti me fît tourner à mon insu autour du pays de ma jeunesse et de mon amour ; soit que j’eusse le pressentiment confus que je trouverais plus de charité en montant plus haut sur les montagnes qui sont plus près du ciel, voyez-vous ; soit que mon bon ange me menât par la main, sans que je le visse, vers l’asile de mon salut.


XCVIII


« Je faisais peine et horreur à voir, tant ma robe, mes bas, mon fichu, mes souliers, retenus à mes pieds par des ficelles, étaient souillés par la boue des chemins, mouillés de pluie et de neige, déchirés par les cailloux et les épines des sentiers et des champs. Malgré cela, monsieur, je trouvai assez bon visage dans tous les chalets