Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 30.djvu/291

Cette page a été validée par deux contributeurs.

« Ça commençait à m’inquiéter, mais je me disais : « Ça va finir, dans dix jours le malade sera guéri ; le régiment va partir, et elle n’y pensera plus. Un officier, ça n’est pas fait pour elle ; l’aiguille, c’est trop petit pour l’épée, ça ne va pas de pair. » Tout de même j’aurais autant aimé que le cheval se fût abattu devant une autre porte.


LV


« Le jeune homme guérit au bout de quelques semaines, pendant lesquelles ce manège d’aller et de venir, de se regarder, de se parler, avait toujours duré, entre la petite et le blessé. À la fin, il fut assez remis pour qu’on pût le transporter à l’hôpital. Nous le vîmes partir avec peine, nous nous étions habituées à lui comme des sœurs. Il nous remercia bien : il avait les larmes dans les yeux en nous disant adieu ; il nous promit de venir nous revoir de temps en temps, dès qu’il pourrait marcher. Je m’en doutais bien ; j’aurais bien autant voulu qu’il ne revînt pas, mais je n’osais pas le lui dire, ce n’est pas honnête, et puis j’aurais trop fait pleurer Josette.


LVI


« Il ne fut pas plutôt sorti de la maison que je ne reconnus plus cette pauvre enfant. C’était comme un corps sans âme. On aurait dit que son visage était là et que sa pensée était ailleurs. Elle ne faisait qu’entrer et sortir, qu’aller chez sa cousine et en revenir, pour avoir l’occasion de pas-