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coup à votre mère. Ça se nourrit de rien. Tout le malheur vient de là. Faites-leur bien mes compliments. Je suis fâchée de la dépense. Excusez-moi.

« Adieu, monsieur Cyprien, n’y pensez plus et portez-vous bien !

« Geneviève.


« Quand vous viendrez à Voiron, ne passez plus jamais par notre rue, ça me ferait trop de peine rien que d’entendre les pas de votre mulet.

« Adieu, monsieur Cyprien… » (Une pluie de larmes et d’encre délayées. On lit encore, à travers ce brouillard, deux ou trois fois : « Adieu, monsieur Cyprien… »)


XLII


Je lui rendis la lettre, sans rien dire, et elle la serra de nouveau dans son armoire, entre les deux chemises.

Pauvre fille ! voilà pourtant le résumé écrit d’un monde d’impressions d’amour, de souvenirs, d’espérances vivantes et anéanties dans un cœur ! Le sentiment existe ; mais il est muet dans l’âme illettrée du peuple.


XLIII


Geneviève continua :

« Après avoir écrit la lettre à Cyprien, je la remis à un des petits ramoneurs de la montagne qui logeaient chez le pays de mon fiancé, et je le chargeai de la porter à Val-