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rales, électorales, constitutionnelles, républicaines, de même les intelligences prendront aussi leur niveau par l’éducation, l’instruction, la littérature populaires.

« — Tiens ! c’est juste, dit Reine, je n’y avais jamais pensé. Pourquoi donc, en effet, à présent que nous savons tous lire, n’écrirait-on que pour les salons et les académies ? Est-ce que le peuple des villes et des campagnes n’est pas un plus grand public que l’autre, puisqu’on dit que nous sommes tant de millions de laboureurs, d’artisans, d’ouvriers, de domestiques, de femmes et d’enfants dans le pays ?


XXV


« — Oui, Reine, n’en doutez pas, repris-je, l’ère de la littérature populaire approche ; et quand je dis populaire, vous m’entendez bien, je veux dire la plus saine et la plus épurée des littératures, car j’entends par peuple ce que Dieu, l’Évangile, la philosophie, et non pas les démagogues, entendent par ce mot : la partie la plus nombreuse et la plus importante, par conséquent, de l’humanité. Avant dix ans, si les institutions nouvelles n’ont pas d’éclipse qui les stérilise et qui les change en tyrannie momentanée, vous aurez une librairie du peuple, une science du peuple, un journalisme du peuple, une philosophie, une poésie, une histoire, des romans du peuple, une bibliothèque appropriée aux esprits, aux cœurs, aux loisirs, aux fortunes du peuple à tous ses degrés !

« — Mais qui est-ce qui nous fera cela ? dit-elle avec une expression mêlée de joie et d’incrédulité.

« — Qui est-ce qui vous fera cela ? répondis-je ; les plus