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En tire seulement une note perdue,

Des larmes roulent dans nos yeux ;

D’un seul son retrouvé l’air entier se réveille,
Il rajeunit notre âme, et remplit notre oreille

D’un souvenir mélodieux.


Ô sensible exilé ! tu les as retrouvées
Ces images de loin, toujours, toujours rêvées,
Et ces débris vivants de tes jours de bonheur !
Tes yeux ont contemplé tes montagnes si chères,
Et ton berceau champêtre, et le toit de tes pères ;
Et des flots de tristesse ont monté dans ton cœur !
Nous passons, nous passons ! ce refrain monotone,
Hélas ! est toujours neuf et toujours répété ;
Tant l’homme, que toujours son inconstance étonne,

Se sent fait pour l’éternité !


Nous passons ! et déjà dans la race nouvelle,
Ton œil sous les vieux noms voit des hommes nouveaux ;
Ton cœur qui l’interroge est étranger pour elle,
Et tu connaîtrais mieux le peuple des tombeaux.

De ses longs souvenirs retrouvant quelque trace,
À peine un vieil ami qui s’éveille à ton nom
Demande si c’est là ce conteur plein de grâce
Qui, sous son prisme heureux multipliant l’espace,
Entre les quatre murs de ton étroit donjon,
Voyageait si gaîment autour de sa prison.
Non, non ! c’est le lépreux étranger sur la terre,
Qui, le soir, du sommet de sa tour solitaire,