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NOTE QUATRIÈME


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Dans nos doux entretiens, s’écoule encor de même !


L’accusation intentée à Socrate, telle qu’elle existait encore au second siècle de l’ère chrétienne, à Athènes, dans le temple de Cybèle, au rapport de Phavorinus, cité par Diogène Laërce, reposait sur ces deux chefs : 1o que Socrate ne croyait pas à la religion de l’État ; 2o qu’il corrompait la jeunesse, c’est-à-dire, évidemment, qu’il instruisait la jeunesse à ne pas croire à la religion de l’État.

Or, l’Apologie de Socrate ne répond d’une manière satisfaisante ni à l’un ni à l’autre de ces deux chefs d’accusation. Au lieu de déclarer qu’il croit à la religion établie, Socrate prouve qu’il n’est pas athée ; au lieu de faire voir qu’il n’instruit pas la jeunesse à douter des dogmes consacrés par la loi, il proteste qu’il lui a toujours enseigné une morale pure. Comme plaidoyer, comme défense régulière, on ne peut nier que l’Apologie de Socrate ne soit très-faible.

C’est qu’elle ne pouvait guère ne pas l’être, que l’accusation était fondée, et qu’en effet, dans un ordre de choses dont la base est une religion d’État, on ne peut penser comme Socrate de cette religion, et publier ce qu’on en pense, sans nuire à cette religion, et par conséquent sans troubler l’État, et provoquer, à la longue, une révolution ; et la preuve en est que, deux siècles plus tard, quand cette révolution éclata, ses plus zélés partisans,