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Dieu seul tient la lumière et l’ombre dans sa main.
Qui sait si, dans le vide où son vieux disque nage,
Le soleil de nos bords reprendra le chemin ?
Prions ! Le jour au jour ne donne point de gage,
Et le dernier rayon, en sortant du nuage,
Ne nous a pas juré de remonter demain.

En Dieu seul, ô mortels, fermons donc nos paupières !
Et, du jour à la nuit remettant l’encensoir,

Endormons-nous dans nos prières,

Comme le jour s’endort dans les parfums du soir.

Chaque heure a son tribut, son encens, son hommage,
Qu’elle apporte en mourant aux pieds de Jéhovah ;
Ce n’est qu’un même sens dans un divers langage :
Le matin et le soir lui disent : Hosanna !

La nature a deux chants, de bonheur, de tristesse,
Qu’elle rend tour à tour, ainsi que notre cœur ;
De l’une à l’autre note elle passe sans cesse :
Homme, l’une est ta joie, et l’autre ta douleur !

L’une sort du matin et chante avec l’aurore ;
L’autre gémit le soir un triste et long adieu ;
Au premier, au second, le ciel répond : Adore !
Et de l’hymne éternel le mot unique est Dieu !