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La terre, épanouie au rayon qui la dore,
Nage plus mollement dans l’élastique éther,
Comme un léger nuage enlevé par l’aurore
Plane avec majesté sur les vagues de l’air.

Les dômes des forêts, que les brises agitent,
Bercent le frais, et l’ombre, et les chœurs des oiseaux ;
Et le souffle plus pur des ondes qui palpitent
Parfume en s’exhalant le lit voilé des eaux.

Et des pleurs de la nuit le sillon boit la pluie,
Et les lèvres des fleurs distillent leur encens,
Et d’un sein plus léger l’homme aspire la vie,
Et l’esprit plus divin se dégage des sens.

Et tandis que le vice, amoureux des ténèbres,
Ferme les yeux au jour et regrette la nuit,
Et que l’impur serpent presse ses nœuds funèbres
Pour échapper plus vite au rayon qui le suit,

Celui qui sait d’où vient l’aurore qui se lève
Ouvre ses yeux noyés d’allégresse et d’amour ;
Il reprend son fardeau que la vertu soulève,
S’élance, et dit : « Marchons à la clarté du jour ! »

Mais déjà les rayons remontent des vallées,
Et le chant des pasteurs plus plaintif et plus lent,
Comme la triste voix des heures écoulées,
Comme le vent qui meurt sur les cimes voilées,

Semble pleurer en s’exhalant.