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Comme la vague orageuse
S’apaise en touchant le bord ;
Comme la nef voyageuse
S’abrite à l’ombre du port ;
Comme l’errante hirondelle
Fuit sous l’aile maternelle
L’œil dévorant du vautour,
À tes pieds quand elle arrive,
L’âme errante et fugitive
Se recueille en ton amour.

Tu parles, mon cœur écoute ;
Je soupire, tu m’entends ;
Ton œil compte goutte à goutte
Les larmes que je répands ;
Dans un sublime murmure,
Je suis, comme la nature,
Sans voix sous ta majesté ;
Mais je sens, en ta présence,
L’heure pleine d’espérance
Tomber dans l’éternité !

Qu’importe en quels mots s’exhale
L’âme devant son auteur ?
Est-il une langue égale
À l’extase de mon cœur ?
Quoi que ma bouche articule,
Ce sang pressé qui circule,
Ce sein qui respire en toi,
Ce cœur qui bat et s’élance,
Ces yeux baignés, ce silence,
Tout parle, tout prie en moi.