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ET RELIGIEUSES.

Comme sur l’Océan la vague au doux roulis,
Berçant du jour au soir une algue dans ses plis,
Porte et couche à la fin au sable de la rive
Ce qui n’a point de rame, et qui pourtant arrive.
Notre âme ainsi vers Dieu gravite dans son cours.
Pour le cœur plein de lui, que manque-t-il aux jours ?
Voici le gai matin qui sort humide et pâle
Des flottantes vapeurs de l’aube orientale,
Le jour s’éveille avec les zéphyrs assoupis,
La brise qui s’élève et couche les épis,
Avec les pleurs sereins de la tiède rosée
Remontant perle à perle où la nuit l’a puisée,
Avec le cri du coq et le chant des oiseaux,
Avec les bêlements prolongés des troupeaux,
Avec le bruit des eaux dans le moulin rustique,
Les accords de l’airain dans la chapelle antique,
La voix du laboureur ou de l’enfant joyeux
Sollicitant le pas du bœuf laborieux.

Mon cœur, à ce réveil du jour que Dieu renvoie,
Vers un ciel qui sourit s’élève sur sa joie,
Et, de ces dons nouveaux rendant grâce au Seigneur,
Murmure, en s’éveillant, son hymne intérieur ;
Demande un jour de paix, de bonheur, d’innocence,
Un jour qui pèse entier dans la sainte balance,
Quand la main qui les pèse à ses poids infinis
Retranchera du temps ceux qu’il n’a pas bénis !
Puis viennent à leur tour les soins de la journée,
L’herbe à tondre du pré, la gerbe moissonnée
À coucher sur les chars, avant que, descendu,
Le nuage encor loin que l’éclair a fendu
Ne vienne enfler l’épi des gouttes de sa pluie,
Ou de ses blonds tuyaux ternir l’or qui s’essuie ;