Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 2.djvu/143

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Plus je fus malheureux, plus tu me fus sacrée !
Plus l’homme s’éloigna de mon âme ulcérée,
Plus dans la solitude, asile du malheur,
Ta voix consolatrice enchanta ma douleur.
Et maintenant encore… à cette heure dernière…
Tout ce que je regrette en fermant ma paupière,
C’est le rayon brillant du soleil du midi
Qui se réfléchira sur mon marbre attiédi !


XLIII


» Oui, seul, déshérité des biens que l’âme espère,
Tu me ferais encore un Éden de la terre,
Et je pourrais, heureux de ta seule beauté,
Me créer dans ton sein ma propre éternité,
Pourvu que, dans les yeux d’un autre être, mon âme
Réfléchît seulement son extase et sa flamme
Comme toi-même ici tu réfléchis ton Dieu,
Je pourrais… Mais j’expire… Arrête… encore adieu !
Adieu, soleils flottants dans l’azur de l’espace !
Jours rayonnants de feux, nuits touchantes de grâce !
Du soir et du matin ondoyantes lueurs !
Forêts où de l’aurore étincellent les pleurs !
Sommets étincelants où la nuit s’évapore !
Nuages expirants, qu’un dernier rayon dore !
Arbres qui balancez d’harmonieux rameaux !
Bruits enchantés des airs, soupirs, plaintes des eaux !
Ondes de l’Océan, sans repos, sans rivages,
Vomissant, dévorant l’écume de vos plages !
Voiles, grâces des eaux qui fuyez sur la mer !
Tempête où le jour brille et meurt avec l’éclair !