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Mais il rêve toujours les mers, les cieux, les bois.
« Adda, soutiens mes pas pour la dernière fois !
Avant que ce beau jour cède à la nuit obscure,
Laisse-moi dans sa gloire adorer la nature ! »


XLI


L’astre du jour, qui touche à la cime des monts,
Semble du haut des cieux retirer ses rayons,
Comme un pêcheur, le soir, assis sur sa nacelle,
Retire ses filets, d’où l’eau brille et ruisselle.
Le ciel moins éclatant laisse l’œil, en son cours,
De l’horizon limpide embrasser les contours,
Et, d’un vol plus léger, faisant glisser les ombres
De ses reflets fondus dans des teintes plus sombres,
Comme un prisme agitant ses diverses couleurs,
Varie, en s’éteignant, ses mourantes lueurs.
Par un accord secret s’éteignant à mesure
Les flots, les vents, les sons, les voix de la nature,
Sous les ailes du soir tout paraît s’assoupir ;
Le ciel n’a qu’un rayon… le jour n’a qu’un soupir !…

Harold, assis au pied de l’arbre au noir feuillage,
Contemple tour à tour les flots, les cieux, la plage,
Et, recueillant le bruit des bois et de la mer,
Semble s’entretenir avec l’Esprit de l’air ;
Tandis qu’à ses côtés, folâtrant sur la rive,
Adda, tournant vers lui sa paupière attentive,
Brise les fleurs des champs écloses sous sa main,
En sème ses cheveux, en parfume son sein ;