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Si le glaive jamais tremblait dans votre main,
Souvenez-vous d’hier, et songez à demain !
Pour confondre le lâche et raffermir les braves,
Le seul bruit de leurs fers suffit à des esclaves !
Moi, pour prix du trésor que je viens vous offrir,
Je ne demande rien, que le droit de mourir,
De verser avec vous sur les champs du carnage
Un sang bouillant de gloire et digne d’un autre âge,
Et de voir, en mourant, mon génie adopté
Par les fils de la Grèce et de la Liberté !
Oui, pourvu qu’en tombant pour votre sainte cause,
Je réponde à l’exil par une apothéose ;
Que sur les fondements d’un nouveau Parthénon
La gloire d’une larme arrose un jour mon nom,
Et que de l’Occident ma grande ombre exilée
S’élève dans vos cœurs un brillant mausolée,
C’est assez ! Le martyre est le sort le plus beau,
Quand la liberté plane au-dessus du tombeau. »


XXXII


Le canon gronde au loin dans les vallons d’Alphée,
Sur les flots de Lépante et les flancs de Ryphée :
Au signal des combats qu’il entend retentir,
Tout Hellène est soldat, tout soldat est martyr.
Harold vole à ce bruit, comme l’aigle à la foudre.
Le voyez-vous, perçant ces nuages de poudre,
Abandonner le mors à son fougueux coursier ;
Dans des sillons de feu, sous des voûtes d’acier,
S’élancer ; des héros étonner le courage,
S’enivrer de la mort et sourire au carnage ;