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Comme un phare éternel sur les mers allumé,
Son regard voit fumer le Vésuve enflammé :
Semblable au feu lointain d’un mourant incendie,
Sa flamme, dans le jour un moment assoupie,
Lance, au retour des nuits, des gerbes de clartés ;
La mer rougit des feux dans son sein reflétés ;
Et les vents, agitant ce panache sublime
Comme un pilier en feu d’un temple qui s’abîme,
Font pencher sur Pæstum, jusqu’à l’aube des jours,
La colonne de feu, qui s’écroule toujours.
À la sombre lueur de cet immense phare,
Harold longe les bords où frémit le Ténare ;
Où l’Élysée antique, en un désert changé,
Étalant les débris de son sol ravagé,
Du céleste séjour dont il offrait l’image
Semble avoir conservé les astres sans nuage.
Là, près de cette tombe où le grand cygne dort,
Le vaisseau tout à coup tourne sa poupe au bord.
Fuyant de vague en vague, Harold, avec tristesse,
Voit sous les flots brillants la rive qui s’abaisse ;
Bientôt son œil confond l’océan et les cieux ;
Et ces bords immortels, disparus à ses yeux,
Semblent s’évanouir en de vagues nuages,
Comme un nom qui se perd dans le lointain des âges.


XIII


« Italie ! Italie ! adieu, bords que j’aimais !
Mes yeux désenchantés te perdent pour jamais !
Ô terre du passé, que faire en tes collines ?
Quand on a mesuré tes arcs et tes ruines,