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Descendons avec lui sur les bords de l’Oronte,
Et, cachés dans son lit, attendons qu’il remonte. »

Et les pasteurs, chantant le signal des départs,
Rassemblaient les troupeaux dans les herbes épars :
C’était la chèvre errante aux flancs des précipices,
L’onagre patient, les fécondes génisses,
La brebis dont la laine amollit le repos,
Le chien qui veille l’homme et commande aux troupeaux ;
L’éléphant presque humain, les plaintives chamelles
Qui laissent les enfants épuiser leurs mamelles,
Et les oiseaux privés, dont le chant entendu
Avertit l’homme à jeun du fruit qu’ils ont pondu ;
Attirés par l’instinct des amitiés humaines,
Ils suivaient la tribu, sur les monts, dans les plaines,
Comme si le désir de la société
Eût compensé pour eux même la liberté !
C’étaient des amitiés secrètes, inconnues :
La grue, en escadron, suivait du haut des nues ;
L’hirondelle, quittant les rebords du rocher,
Venait, de halte en halte, aux tentes se percher.
La tribu retrouvait, aux termes des voyages,
Les mêmes voix dans l’air et les mêmes plumages :
Tant ces doux animaux, pleins de l’instinct d’amour,
Se souvenaient encor des lois du premier jour !

Trouvant partout des fruits et partout des demeures,
Ces pasteurs chaque jour cheminaient quelques heures ;