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Et qui dans un murmure enferme et signifie
Plus d’amour qu’en cent mots l’homme n’en balbutie !
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Quand l’hymne aux mille voix se fut évaporé,
Les esprits, pleins du nom qu’il avait adoré,
S’en allèrent, ravis, porter de sphère en sphère
L’écho mélodieux de ces chants de la terre.
Un seul, qui contemplait la scène de plus bas,
Les regarda partir et ne les suivit pas.
Or, pourquoi restait-il caché dans le nuage ?
C’est qu’au pied d’un grand cèdre, à l’abri du feuillage,
Un objet pour lequel il oubliait les cieux
Enchaînait sa pensée et captivait ses yeux.
Oh ! qui pouvait d’un ange ainsi ravir la vue ?
Une céleste enfant de fleurs demi vêtue,
Qui sous l’arbre, le soir, surprise du sommeil,
N’avait vu ni baisser ni plonger le soleil,
Et qui seule, au départ des tribus des montagnes,
N’avait pas entendu l’appel de ses compagnes.
Sa mère sur son front n’avait encor compté
Depuis son lait tari que le douzième été ;
Mais dans ces jours de force où les séves moins lentes
Se hâtaient de mûrir les hommes et les plantes,
Treize ans pour une vierge étaient ce qu’en nos jours
Seraient dix-huit printemps pleins de grâce et d’amours.
Non loin d’un tronc blanchi de cèdre, où dans les herbes
L’astre réverbéré rejaillissait en gerbes,
Un rayon de la lune éclairait son beau corps ;
D’un lac pur et dormant ses pieds touchaient les bords,