Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 16.djvu/52

Cette page a été validée par deux contributeurs.

En mémoire de ces prodiges,
Des hommes inclinant leurs fronts
Viendront adorer nos vestiges,
Coller leurs lèvres à nos troncs.
Les saints, les poëtes, les sages,
Écouteront dans nos feuillages
Des bruits pareils aux grandes eaux,
Et sous nos ombres prophétiques
Formeront leurs plus beaux cantiques
Des murmures de nos rameaux.


Glissez comme une main sur la harpe qui vibre
Glisse de corde en corde, arrachant à la fois
À chaque corde une âme, à chaque âme une voix !
Glissez, brises des nuits, et que de chaque fibre
Un saint tressaillement jaillisse sous vos doigts !
Que vos ailes frôlant les cintres de nos voûtes,
Que des larmes du ciel les résonnantes gouttes,
Que les gazouillements du bulbul dans son nid,
Que les élancements de la mer dans son lit,
L’eau qui filtre, l’herbe qui plie,
La sève qui découle en pluie,
La brute qui hurle et qui crie,
Tous ces bruits de force et de vie
Que le silence multiplie,
Et ce bruissement du monde végétal
Qui palpite à nos pieds du brin d’herbe au métal,
Que ces voix qu’un grand chœur rassemble
Dans cet air où notre ombre tremble