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Qu’était-ce avant l’époque où le dépôt de l’onde
Jeta sur notre sol son atmosphère immonde ?
Qu’était-ce quand du jour le grand globe couché,
Le firmament de nous par l’ombre rapproché,
Laissait lire au regard égaré dans ces routes
Ces voûtes de soleils derrière d’autres voûtes,
Et ce filet des cieux, vaste éblouissement
Dont chaque maille était un grand astre écumant ?
Qu’était-ce quand du mal le funèbre génie
Du globe n’avait fait qu’effleurer l’harmonie,
Que ce monde terrestre était encor celui
Où l’ordre et la beauté dans la force avaient lui ?
Que tout, sortant d’Éden, s’y souvenait encore
De l’immortalité de sa première aurore,
Et que dans l’univers toute chose et tout lieu,
Exultant de jeunesse, ils sentaient pleins de Dieu ?
Ah ! si de tout flétrir tu ne t’étais hâtée,
Ô mort ! on n’eût jamais compris le nom d’athée !








Or en ces jours, mon fils, tous les êtres vivants,
Qu’ils nagent dans les eaux ou volent sur les vents,
Du soleil au ciron, de la brute à la plante,
Étaient tous animés par une âme parlante.
L’homme n’entendait plus cet hymne à mille voix
Qui s’élève des eaux, des herbes et des bois ;