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Abandonner ses dons, c’est le déshonorer ;
Reconquérir ses droits, c’est encor l’adorer !
C’est le culte de sang pour l’homme qu’on opprime !
La tyrannie aussi de l’esclave est le crime !
Se courber sous le joug, c’est presque le forger,
Et subir les tyrans, c’est les encourager.
Purifiez le sol dans le sang et les flammes,
Renversez leurs palais, ces prisons de vos âmes !
Remontez vers le ciel par ce sublime assaut !
La liberté, la foi, le vrai Dieu, sont là-haut !
L’heure, l’occasion, les ombres sont propices.
De vos desseins vengeurs leurs forfaits sont complices ;
Ces monstres, déchaînant leur sourde inimitié,
Ont déjà de votre œuvre accompli la moitié.
Leurs temples sont remplis de leur lutte intestine ;
Ils ne soupçonnent pas la nuit qu’on leur destine !
Dans leur vil sang qui coule enfonçons les talons !
Allons ! » Le peuple entier s’élance et dit : « Allons ! »

Tel, quand le vent, changeant sur l’océan sans vagues,
Fait frissonner la mer de rides encor vagues,
Courant devant la brise, insensible d’abord,
À peine d’un murmure elle effleure le bord ;
Mais, au souffle croissant du vent qui la déplie,
Par cent mille sillons elle se multiplie :
Sur l’horizon lointain qu’elle fait onduler
On voit le flot qui monte au flot s’accumuler ;
La ride devient vague et la vague colline ;
Elle court en grondant battre un cap en ruine ;