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Sa joie aurait rempli une nuit éternelle !
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Tremblante de terreur, Lakmi, car c’était elle,
Du souffle sur sa lèvre en étouffant le son
Et craignant d’éveiller par sa voix le soupçon,
De sa ruse rendait le silence complice :
Elle savait qu’un mot, trahissant l’artifice,
Instruirait Cédar de son déguisement,
Et qu’un arrêt de mort suivrait l’étonnement.
La lueur d’une étoile effrayait son audace,
Un regard d’amour même était une menace.
Tel que dans la prairie un avide serpent
Aux flancs de la brebis se dresse et se suspend,
Et, trompant le pasteur qui vainement l’appelle,
Boit le lait de l’agneau mourant de faim loin d’elle :
Telle aux bras de Cédar l’astucieuse enfant
Savourait dans la peur son espoir triomphant,
Et des noms les plus saints par sa bouche nommée,
Même en trompant Cédar, désirait d’être aimée.

Oh ! pourquoi de la nuit le dôme est-il si noir ?
Que ne lui laisse-t-il seulement entrevoir
Ces membres adorés, ce regard, ce visage
Qu’ont flétri la douleur et maigri le veuvage !
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Enfin le jour paraît, et va combler ses vœux.
Sur l’astre de son âme il élève les yeux :