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Regagna son palais, et loin de tous les yeux
Cacha dans ses atours ce dépôt précieux.

Mais à peine avait-elle enfermé sa parure,
Que, pressant les moments qu’un seul soleil mesure,
Et des géants trompés déroutant le coup d’œil,
Du cachot de Cédar elle touchait le seuil.
Humble et douce à ses pieds comme un tigre elle rampe.
« Ô toi pour qui mon cœur veille comme une lampe,
Cédar ! ô le plus beau des songes de Lakmi !
Toi que j’adore en dieu sous ce doux nom d’ami !
Relève enfin ce front courbé sous l’infortune,
Et bénis une fois ma tendresse importune !
De tes membres sacrés l’esclavage est fini.
Demain, à Daïdha par mes soins réuni,
Le soleil te verra libre, et prenant ta course
Vers ces monts, fils du ciel, remonter à ta source !

» Ne perdons pas le jour en trop longs entretiens ;
Ne m’interroge pas, mais écoute et retiens :
Dans Balbek cette nuit un grand complot se trame.
Nemphed assassiné commencera le drame.
Sa mort mettra le glaive aux mains de nos tyrans,
Leur sang empoisonné coulera par torrents ;
L’incendie à grands plis baignera ces murailles,
Tous les dieux prendront part aux sanglantes batailles,
Et, montant pour combattre aux sommets de leurs tours,
Laisseront sans gardiens ces ténébreux détours.