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Nul souffle de nos sens ne lui laissait connaître
Entre le ciel et lui la présence d’un être.
Oh ! qui retrouverait les paroles de feu
Qui consumaient sa langue en jaillissant à Dieu ?
Que le Dieu qui créa ces natures étranges
Des lèvres de ses saints aspire de louanges !
Quand il eut exhalé son matinal encens,
Sans qu’un signe visible eût averti ses sens,
Il se tourna vers nous, comme si la prière
D’un jour surnaturel eût rempli sa paupière :
« Approchez-vous de moi, dit-il, jeune étranger,
De loin, depuis longtemps, je vous vois voyager.
Vous venez, mon enfant, d’une ombre bien épaisse
Chercher le jour à l’heure où mon soleil s’abaisse ;
Mais Celui dont la main me rappelle au tombeau
Avec une étincelle allume un grand flambeau ;
Du levant au couchant l’inextinguible flamme
De l’âme qui s’éteint se communique à l’âme.
Ce flambeau du passé que ne souffle aucun vent,
Le mourant ici-bas le transmet au vivant ;
Toujours quelqu’un reçoit le saint manteau d’Élie,
Car Dieu ne permet pas que sa langue s’oublie !
C’est vous que dans la foule il a pris par la main,
Vous à qui son esprit a montré le chemin,
Vous que depuis le sein d’une pieuse mère
De la soif du Seigneur sa grâce ardente altère ;
C’est vous qu’il a choisi, pour venir écouter
La voix de la montagne et pour la répéter.
Mais de ces grands récits des merveilles antiques
Hâtez-vous d’épuiser les sources prophétiques ;.