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Ces membres enchaînés, mais dont les anneaux mêmes
Relevaient l’élégance et la grâce suprêmes ;
Ce front qu’assombrissait l’humiliation,
Mais qui se redressait sous l’indignation ;
Ces forêts de cheveux rejetés en arrière,
Qui roulaient sur l’épaule ainsi qu’une crinière,
Au mouvement du cou découvrant tour à tour
Du profil attristé l’attendrissant contour ;
De l’oblique regard l’humide et chaste flamme,
Ces traits éblouissants de la beauté de l’âme,
Beauté dont sur les sens l’effet mystérieux
Touche et ravit le cœur de la splendeur des yeux,
Et dont sur cette enfant la lumière imprévue
N’avait jamais encore émerveillé la vue ;
Ce désespoir vibrant, cette sainte douleur,
Dans ses bras affaissés, dans sa morne pâleur ;
Ces pleurs silencieux qui tombent sur la pierre,
Ou que le courroux sèche aux bords de la paupière ;
Pour l’ange qu’écrasaient des démons sous leur pié,
Cette admiration qu’attendrit la pitié :
Tout avait remué ses entrailles de femme,
Troublé son ignorance et réveillé son âme.

Et puis ces longs regards de tristesse chargés
Entre les deux époux devant elle échangés ;
Ces yeux qui s’attiraient à, travers leur nuage,
Ce visage toujours cherchant l’autre visage ;
Ces lèvres de Cédar qui semblaient aspirer
Le vent que Daïdha venait de respirer ;