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Moi qui, pour d’autres feux pouvant le dédaigner,
Me sentais assez fort pour te laisser régner !
Ah ! ton ingratitude à cet excès s’oublie !
Tremble ! ce mot stupide a trahi ta folie !
De ton trône ébranlé je retire le bras.
Dans ton piége, à mes pieds, tyran, tu te prendras !
J’ai rampé trop longtemps, lion, sous le reptile !
Mes dents déchireront cette trame subtile
Que ton hypocrisie et ton ambition
Tissèrent de mensonge et de corruption.
Je t’y veux secouer de ma main indignée,
Comme à sa toile immonde on suspend l’araignée !
Du peuple et des géants ces muscles sont l’effroi ;
Ma taille au-dessus d’eux m’élève maître et roi,
Ma suprême beauté me désigne à la foule.
Du trône humilié que ce monstre s’écroule !
Qui d’entre mes rivaux osera m’affronter ?
Qui m’en arrachera si je veux y monter ?
Roi qui croules avant que commence la lutte,
Tombe, puisque l’amour est au prix de ta chute ! »
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En se parlant ainsi, tels que ceux d’un taureau,
Ses muscles palpitants se tordaient sous sa peau.
La veine de son front, renflée en diadème,
Semblait le couronner de sa colère même.
Dans la salle sonore il marchait à grands pas,
En redressant le buste et balançant les bras,