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De désirs et d’orgueil son âme possédée
D’abord avec espoir accueillit cette idée ;
Certain de conquérir par un facile effort
Sur ses faibles rivaux cette palme du fort.
Mais du fourbe Nemphed l’astucieuse adresse
Avait jusqu’au délire irrité cette ivresse,
Et le premier éclair des fortes passions
Lui faisait détester ces profanations.

« Exécrable vieillard, tyran lâche et caduque,
Dont le sang se corrompt dans des veines d’eunuque !
Qui n’as jamais senti d’autre frisson au cœur
Que celui de l’orgueil ou celui de la peur !
Qui glacerais le feu sous ta peau de couleuvre !
Ah ! le fiel de tes yeux souillerait ce chef-d’œuvre ?
Ah ! tu nous daignerais jeter avec mépris
Ces célestes appas sous ton venin flétris ?
De cette fleur du ciel qui donne le vertige,
J’en aurais une feuille et tu tiendrais la tige ?
Asrafiel à ce prix serait ton seul soutien ?
Sublime invention d’un cœur tel que le tien !
Prix bien digne en effet que ce bras fort se lève
Pour prolonger d’un jour ton règne qui s’achève
Et ravir au vautour, sous ton trône abattu,
Ta carcasse maudite où nul cœur n’a battu !…

» Moi plus fort et plus beau que tout ce qui respire !…
Moi dont le front portait mes titres à l’empire ;