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Dont le bassin du monde avait été rempli !
Voilà ce que de Dieu le criminel oubli
Et l’adoration des viles créatures
Avaient fait de la chair tombée en pourritures !
Voilà, quand Dieu sondait cet abîme profond
Où l’homme était tombé, ce qu’il voyait au fond !
Ainsi de l’Océan quand le niveau s’abaisse,
Dans le cloaque impur que sa retraite laisse
L’œil découvre effrayé, sur le rivage à nu,
Les mystères d’horreur de son lit inconnu :
De grands amas de fange et des marais immondes
Dont le croupissement a corrompu les ondes,
Où le monstre marin dans la vase échoué
Expire, où le reptile au reptile est noué,
Où, foulant le limon que son museau secoue,
L’hippopotame seul exulte dans la boue
Lorsque cette poussière eut tombé sous leurs yeux,
Nemphed d’un seul regard congédia les dieux,
Et rentra pour dormir dans la tour inconnue,
Comme la foudre rentre et couve dans la nue.