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Tout à coup des flambeaux apportés dans la cour
Sur la scène de mort jettent un affreux jour ;
Des tortures du cœur le féroce génie
D’un dernier désespoir veut railler l’agonie !
De l’erreur de la mère un bourreau triomphant
Plein de vie à ses bras rapporte son enfant,
Son enfant altéré qui l’embrasse et qui crie,
Et presse vainement sa mamelle tarie.
Puis, du lâche bourreau l’affreux ricanement
Vient à son désespoir mêler l’étonnement.
« C’était un jeu, vois-tu, jeune femme insensée !
D’immoler ton époux pourquoi t’es-tu pressée ?
Du repas des lions il était innocent.
Quel lait aura ton fils ? tiens, nourris-le de sang ! »
Les monstres, à ces mots, poussent un affreux rire :
D’une convulsion du cœur la mère expire,
Et les bourreaux, traînant le vivant et les morts
Vers l’antre des lions, leur jettent les trois corps !…