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Ses bras nerveux, noués à l’épaule robuste,
Sur ses flancs onduleux pendaient le long du buste ;
Ses larges pieds posaient au sol comme du plomb ;
Et ses membres, gardant l’équilibre et l’aplomb
Même quand sous un poids penchait son tronc de marbre,
Rassuraient le regard et ressemblaient à l’arbre
Qui, dans Ie roc profond sous terre enraciné,
Balance aux vents ses bras sur sa base incliné.


La foule des géants frissonnait à sa vue ;
Sa main était l’étau, son poignet la massue ;
Le peuple, à qui la force imprime le respect,
Le craignait, l’admirait, s’ouvrait à son aspect,
Et ne comprenait pas comment ce corps superbe,
Sous les pieds de Nemphed se courbant comme une herbe,
Servait sa perfidie et son ambition,
Ni comment le serpent enchaînait le lion.
Mais cette force était son âme tout entière ;
Ses passions étaient celles de la matière ;
Un seul doigt remuait ces immenses ressorts :
La flamme du plaisir qui couvait dans ce corps.


Le front sans profondeur et fuyant en arrière
N’ombrageait qu’à demi la saillante paupière ;
Le globe de ses yeux, d’un azur pâle et clair,
Dont la lourde paupière amortissait l’éclair,
Bien que vaste et sortant comme à fleur du visage,
Semblait toujours trempé d’un humide nuage,