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La pâleur de l’effroi, la rougeur de la honte,
Répondant sur sa joue au regard qui l’affronte ;
Vers Cédar enchaîné ces soupirs étouffants ;
Ce sourire de mère à ses pauvres enfants ;
Et ces yeux où l’éclat de cette torche errante
Brillait comme un reflet de feu dans l’eau courante,
Et laissait voir au fond de leur morne splendeur
Comme un monde infini d’amour et de candeur !


Ensuite s’arrachant à la céleste image,
Et portant la clarté sur un autre visage,
Ils contemplaient Cédar immobile à leurs piés,
Entourant des deux bras ses genoux repliés,
Et, comme pour cacher l’âme sur sa figure,
Laissant pendre en flots courts sa noire chevelure.
Sous le fer, en anneaux sur ses membres rivé,
Son beau corps s’affaissait ; mais s’il s’était levé,
On voyait que sa haute et robuste stature
Eût dépassé les dieux de toute la ceinture.
Les lourds anneaux de fer tordus par ses efforts
De quelque tache bleue avaient souillé son corps ;
Mais de ce corps charmant la forte adolescence,
Dont la grâce partout relevait la puissance,
De ses muscles naissants les palpitations
Dont le regard suivait les ondulations,
Dans un jeune olivier comme on suit sous l’écorce
Les membrures du tronc qui révèlent sa force ;
La blancheur de sa peau qu’un frissonnant duvet,
Comme une ombre ondoyante, à peine relevait ;