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Ainsi parlait ce livre au doigt obéissant
À qui le saint vieillard donnait son saint accent,
Et le juste, et le bon, et l’honnête, et le sage,
Sous ses yeux abaissés montaient à chaque page.
On eût dit un rayon du soleil réfléchi
Qui de chaque feuillet frappait son front blanchi,
Et qui, l’illuminant d’une chaude auréole,
En persuasion transformait sa parole.
Et les époux, assis aux pieds du beau vieillard,
Suivaient, sans respirer, ses lèvres du regard,
Et, de ce monde neuf admirant les merveilles,
Croyaient entendre un rêve enseigner leurs oreilles ;
Et souvent le vieillard pour eux recommençait,
Et chaque fois en eux leur âme grandissait.
Ô délices sans fond de ce ciel sur la terre,
Qu’ils savouraient à deux aux pieds du solitaire !
Dans leurs cœurs confondus recevoir à la fois
L’ivresse de la vie et les divines lois,
Se reposer d’aimer en tombant dans l’extase !
Ah ! c’est plus de nectar que n’en contient le vase ;
C’est de quoi sur les pieds le faire déborder :
C’est ce qu’aux deux époux Dieu semblait accorder !
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Quand le divin lecteur avait fermé les pages,
Cédar et Daïdha rentraient dans les bocages,
L’un sur l’autre appuyés, ralentissant le pas,
Des célestes accents s’entretenant tout bas,
Éclairant tous les deux avec reconnaissance
Ce qui restait d’obscur dans leur intelligence ;