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Le vieillard, du jardin leur montrant les merveilles,
Leur cueillait tour à tour la pêche aux chairs vermeilles,
La figue aux pleurs de miel, la poire aux sucs fondants ;
Et la sève en nectar ruisselait sous leurs dents.
Les oiseaux à leurs pieds en disputaient l’écorce.
Quand le frugal festin eut ranimé leur force :
Beau couple, leur dit-il, habitez ce séjour :
Une fleur y manquait, c’était le chaste amour ;
Comme un parfum du cœur que Dieu l’y fasse éclore !
Dormez sous le figuier ou sous le sycomore !
Mangez les fruits de Dieu, goûtez son doux sommeil !
Quand l’alouette aura chanté votre réveil,
Je reviendrai vous voir, enfants, et vous instruire
Du saint nom de Celui que l’aurore fait luire !
Vous saurez quel destin m’a conduit en ce lieu ;
Aimez son serviteur, mais n’adorez que Dieu ! »


À ces mots, le vieillard les bénit d’un saint geste.
Du jour qui s’éteignait ils passèrent le reste
À se parler tout bas de ce visible esprit,
Et dans cet entretien le sommeil les surprit.