Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 16.djvu/180

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Tandis qu’Abid et Kor secondent son assaut ;
Mais Cédar, revenant à lui comme en sursaut,
De leurs faibles mains d’homme arrachant sa main libre,
Sur ses orteils crispés conserve l’équilibre,
Les entoure du bras, les étouffe a ses flancs,
Enfonce dans leur chair ses ongles tout sanglants :
D’une main tour à tour à l’aplomb les enlève,
Les brandit et les fait tournoyer comme un glaive,
Puis, leur battant le crâne aux angles du rocher,
En écrase les mains qui veulent s’approcher ;
Sanglants et mutilés, il les lance à la foule,
Qui, sous leurs corps tombants, s’écarte en large houle.
Pour frapper sans péril les coups volent de loin ;
Mais de se préserver négligeant le vil soin,
Un bloc dans chaque main, Cédar, ferme à sa base,
Les fulmine d’en haut, les pile, les écrase :
À chaque coup qu’il lance un forfait est puni.
Il enfonce d’un bloc le cœur de Dziani ;
Sous un débris mortel de ses propres murailles,
Zebdor roule à leurs pieds, atteint droit aux entrailles ;
Sur le corps de son père Abna précipité
Va tomber sous le bloc par lui-même apporté ;
Élim, Zadel, Sélin, les sept fils de sa race,
Ne peuvent fuir la mort qui gronde sur leur trace ;
Chacun tombe à son tour, dans les carreaux broyé.
L’infatigable bras dont tout est foudroyé,
Des murs qu’ils ont bâtis pour un autre supplice
Abat ces criminels sous leur propre injustice ;
Les restes écrasés des enfants de Phayr,
Dispersés par la peur, cherchent la nuit pour fuir.